Voici le dicours du 26 fevrier de frédérique Houseaux qui fait partie de la coordination des militants communistes.
ADRESSE A LA JEUNESSE
Amis et camarades,
Jai lhonneur de clore la liste des interventions. Si jinterviens aujourdhui, ce nest pas parce que les thèmes féministes, envisagés de manière petite-bourgeoise, sont à la mode dans le Parti, ni parce que nos dirigeants " mutants " flattent la jeunesse sur le thème de la modernité, dans lespoir de lutiliser pour casser le parti et ses traditions révolutionnaires. Non, tous les jeunes communistes ne sont pas prêts à prendre des vessies roses pour des lanternes rouges. Ils ne cautionneront pas une " mutation " dont le modernisme affiché dissimule une terrible régression.
Certes, je ne vais pas prétendre que dans sa masse, la jeunesse aspire aujourdhui ardemment à la révolution socialiste. Ma génération nest plus celle de 68, cest celle des années Mitterrand, dont le rôle historique a été, parfois avec la caution gouvernementale du PCF, denseigner la pédagogie du renoncement au changement social. Cest celle qui a subi à longueur de cours dhistoire, à travers la majorité des films, à travers le matraquage médiatique, un véritable conditionnement antisoviétique, antimarxiste, une véritable cure de vaccination anticommuniste, avec en prime, le culte de lindividualisme forcené, la montée du racisme, laméricanisation de la culture, la casse des acquis, laccoutumance au chômage, aux bas salaires et à la précarité. Et certes, cela a fait du dégât dans les têtes.
Mais justement, le rôle dun véritable parti communiste, dun vrai mouvement communiste de la jeunesse est-il de saligner sur le plus bas niveau de conscience, de flatter une modernité bidon à base de Mac Donalds et de rabâchage publicitaire. Son rôle est-il dopposer sans cesse la fidélité au passé et lélan naturel des jeunes vers la nouveauté, sans se demander si cette nouveauté est bonne ou mauvaise pour les gens ? Le rôle des communistes, des jeunes communistes, est-il de se couler dans le moule ou de se dresser, de se révolter, de chercher les idées réellement nouvelles, les idées révolutionnaires qui changent la vie, tout en prenant appui sur lexpérience du passé ?
Jécoutais tout-à-lheure Léon Landini qui faisait dérailler les trains sous lOccupation. Si le PCF de lépoque, si les Bataillons de la jeunesse, si Pierre Sémard, Ouzoulias, Danielle Casanova, Henri Alleg, Pierre Pranchère sétaient coulés dans le " modernisme " de lépoque, ils auraient plus facilement pris le chemin des chantiers pétainistes de la jeunesse que celui des maquis de Corrèze et dailleurs. Nest-ce pas là, cette fonction critique, cette capacité de penser par soi-même et de dire non à linacceptable, quon appelle lAvant-garde ?
Jobserve dailleurs que si la direction du MJC a quasiment liquidé lorga des jeunesses communistes et la remplacée par ces " réseaux " quon veut aujourdhui substituer aux cellules dans le PCF, en revanche elle na pas encore liquidé le titre du journal de la JC. Cest bien le signe que la jeunesse communiste, instinctivement, tient à ce rôle davant-garde des communistes qui fut au cur du Congrès de Tours.
Alors, a chacun son féminisme. Robert Hue préfère Geneviève Fraisse, admiratrice de lOTAN. Nous, nous préférons Clara Zetkin, Rosa Luxembourg, Marie-Claude Vaillant-Couturier. Nous soutenons les filles qui se battent dans leurs boîtes comme Marie-Jeanne Rivera chez Myris. A chacun sa jeunesse. Robert Hue privilégie le look branché. Moi aussi jaime le rap, le sport, mais je me sens dabord proche des lycéens qui se battent contre le manque de moyens et contre la casse des lycées par Allègre ! Ceux qui construisent la modernité aujourdhui, la vraie, ce sont les jeunes paysans du Larzac qui murent un Mac Do, pas ceux qui baratinent sur léchec de Lénine dans lHuma ou qui traitent Fidel de dinosaure stalinien. Ce sont les jeunes chômeurs, les précaires qui ne veulent plus trimer dur au bureau, à lusine ou dans les grands magasins pour des clopinettes - fussent-elles payées en euros.
Je préfère les exigences scientifiques de la pensée marxiste à la barbe-à-papa des idées " mode ". Je ne suis pas enthousiasmée par les emplois-jeunes et les " CES " de Jospin, par le lycée " light " dAllègre, par la super-flexibilité dAubry, par le faux antiracisme mondain des Harlem Désir, par les ingérences " humanitaires " des Kouchner, des missionnaires de limpérialisme américain.
A un autre niveau, je ne suis pas séduite par la démagogie des groupes gauchistes, qui ont fermé les yeux sur Maastricht et qui abandonnent ainsi à Pasqua et Le Pen le drapeau de la république. Si ces groupes se développent, cest avant tout parce que notre Parti ne joue plus son rôle, parce quil a abandonné le langage de la lutte de classe, parce quil participe au gouvernement à la gestion du capitalisme, ce système archaïque et inhumain qui fait planer la mort sur le 21ème siècle.
Cest pourquoi, pour conclure, je refuse la régression proposée par Robert Hue. Quoi de plus vieux que ce parti de notables quon nous propose ? Je me bats dans le Parti, dans mon Parti quil ne faut pas, jusquau bout, abandonner à ses démolisseurs. Et demain, jen suis sûre, si nous savons toujours mieux nous unir, être offensifs, nous battre à la fois dans le Parti et dans les luttes sociales, les facs, les entreprises et les quartiers, nous serons, avec dautres, les continuateurs révolutionnaires de ce Parti, du Parti fondé à Tours, et nous changerons la société ! Pour que les jeunes aient enfin un avenir, il faut en finir avec le capitalisme ; la révolution et la lutte sont toujours la jeunesse du monde !
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