Sommaire du numéro 2

 

Éditorial

 

Qui sommes nous?

 

L'agression de l'OTAN en Yougoslavie.

 

Quel bilan des manifs des sans papiers ?

 

Le congrès de l'UNEF.

Déclaration pour une UNEF syndicale

 

La situation dans les lycées.

 

Élements de notre histoire.

Manifeste des JC de France et d'Espagne.

 

Le courrier des lecteurs.

 

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Le journal de la gauche du MJCF

Une publication de la gauche communiste du mouvement des jeunes communistes de France

Mai-Juin 99 Numéro 2

 

 

 

 

Après le 79ème congrès de l'UNEF

 

Le 79è congrès de l'UNEF s'est dérouté du 2- au 5 avril à Pantin. Nous avons interrogé Fabien Guillot, nouvellement élu au Bureau National, et Olivier Ruet,

membre du Collectif National de l'UNEF sur leurs sentiments d'après congrès. Ils sont tous les deux membres de l'UNEF-Caen.

 

Le 79è congrès s'est conclu sans que l'UNEF ait une position très claire contre les projets Allègre. Comment le syndicat envisage-t-il le combat contre ces projets dans les mois à venir ?

 

- Fabien Guillot : Après le congrès de Pantin, c'est l'incertitude et la confusion qui représentent l'orientation de l'UNEF. Sans refuser la réforme Bayrou, le Plan U3M, la logique de contractualisation, l'UNEF rejette le rapport Attali, le 3/5/8, les pôles d'excellence. C'est sur cette base, qui propose tout et son contraire, que l'UNEF entend faire barrage aux projets d'Allègre. En se figeant sur l'attentisme consensuel, de peur de s'écarter trop à gauche de I'UNEF-ID ou de la FAGE, l'UNEF espère résister à la logique libérale. Option risquée !

Les grandes dates seront donc les rencontres avec l'UNEF-ID et la FAGE au mois de juin et décembre sous l'égide du réseau. Face au danger, le combat doit être radical. Seulement la radicalité de l'UNEF passe davantage par la recherche du nombre en se tournant vers l'UNEF-ID et la FAGE (qui ne défendent pas les mêmes intérêts que nous), que par la volonté claire de refuser la mort programmée de l'enseignement public.

- Olivier Ruet : En fait, l'UNEF est prête à rentrer dans des pseudo concertations sur la base des mesures proposées par le ministère. Il est donc clair que la lutte contre les projets, mesures Allègre, ne pourra surgir que de la base mais se posera également le problème national avec une direction syndicale, une fois de plus, en dehors des luttes.

- La presse a évoqué une réunification prochaine entre les deux UNEF. Qu'en est-il réellement ? Quelles ont été les réactions des militants sur cette question?

 

- F.G. : Cette question ne cesse de revenir dans les discussions. le congrès s'est majoritairement prononcé contre toute forme de réunification avec l'UNEF-ID. Aussi nous ne comprenons pas que la presse se permette au mépris des décisions de proclamer le contraire. Les militants qui sont attachés à l'identité qui est la nôtre, qui refusent toute conception du syndicalisme qui ne soit pas de lutte, voire de transformations sociale, ne peuvent pas accepter de s'unifier à un syndicat cogestionnaire et caution solidaire du gouvernement. Les réactions ont donc été vives du fait d'un sentiment étrange qui donne à penser que certains seraient en train de brader l'UNEF dans une sorte d'OPA syndicale.

- O.R. : Sur la question de la réunification, c'est la direction de l'UNEF-ID qui en parle le plus ouvertement. L'attitude de l'UNEF est plus ambiguë. Certains parlent de réunification, d'autres, comme Karine Delpas, parlent de la création d'une nouvelle confédération. Mais il est désormais certain que des "assises pour l'unité du mouvement étudiant" auront lieu à l'automne. En congrès, la majorité des délégués (dont Karine Delpas) a voté contre la réunification mais le nombre d'abstentions et de NPPPV (Ne Prend Pas Part au Vote) était élevé: ce vote était contre la réunification actuelle. Celle-ci est donc toujours à l'ordre du jour, et de nombreux militants vivent cela comme une trahison, ce qui ne peut que susciter une nouvelle hémorragie de militants et d'AGE (sections syndicales de ville, Ndlr). D'autres, peut-être les plus nombreux, sont dans le doute, la justification d'une réunification -nouvelle confédération- n'ayant jamais été réellement apportée. Et surtout l'absence de contenu est flagrante pour cette nouvelle structuration. Ceux qui soutiennent mordicus la réunification semblent être nettement minoritaires

- Il semble qu'une forte contestation agite l'UNEF. Les points de clivages portent sur la réunification avec l'UNEF-ID, sur la volonté d'avoir un syndicat plus combatif et plus déterminé à combattre Allègre. Toute une série de militants veut se battre, des sections syndicales ont engagé la lutte contre Allègre - Attali en novembre - décembre 98, sans être soutenues au niveau national. Que représente ce courant et comment compte-t-il agir pour le redressement du syndicalisme étudiant dans l'UNEF ?

 

- F.G. : C'est vrai qu'il y a un refus de voir I'UNEF s'enfoncer dans une dérive cogestionnaire. Une quinzaine d'AGE combatives s'y oppose. Ce sont celles qui ont participé au mouvement de fin d'année 98 et qui refusent tout conformisme et attentisme.

Pour être combatif, nous devons définir une campagne avec ceux qui refusent l'attentisme et la cogestion, contre la réforme Bayrou, le rapport Attali et les réformes Allègre. Nous souhaitons rassembler non pas sur des noms d'appareils, mais sur des axes de revendications claires, au-delà des AGE combatives de l'UNEF. L'AGEL Solidarité Étudiante, le SEUL, Sud - Étudiants et quelques AGE de l'UNEF-ID en désaccords avec leur BN, ont déjà participé à des intersyndicales qui ont permis de sortir des travaux d'analyses communs. C'est ce type d'action, communes dans la lutte, qu'il faut développer pour mettre fin à l'attentisme et offrir aux étudiants une alternative d'opposition crédible à la logique de casse de l'enseignement public.

- O.R : Le courant désirant lutter contre la politique d'Allègre est essentiellement issu du mouvement de novembre - décembre 1998 et dont on retrouve la liste sur le quatre - pages élaboré aux intersyndicales de Montpellier et Bordeaux (janvier - février 1999). Ces AGE représentent une quinzaine d'universités, mais il se trouve aussi des militants isolés dans d'autres sections syndicales. Il est clair qu'une organisation est désormais urgente, certains préférant quitter l'UNEF que de continuer à subir son incapacité au niveau national : ainsi l'AGE de Limoges, d'autres vont la suivre ou le font déjà.

Pour redresser le syndicalisme étudiant, il va falloir se préoccuper de produire un matériel réellement syndical, utilisable pour militer, lutter. Il s'agit de coordonner notre action nationale, sans doute par la mise en place d'un bulletin national d'information et de discussion, voire d'un journal national, l'UNEF n'en produisant plus. Il n'existe pas actuellement de syndicat de lutte au niveau national, c'est donc à nous tous de le construire. Il est en effet hors de question de se laisser entraîner dans l'opportunisme, et le mot est faible, de la réunification.

 

propos recueillis par François Ferrette