Sommaire du numéro 2

 

Éditorial

 

Qui sommes nous?

 

L'agression de l'OTAN en Yougoslavie.

 

Quel bilan des manifs des sans papiers ?

 

Le congrès de l'UNEF.

Déclaration pour une UNEF syndicale

 

La situation dans les lycées.

 

Élements de notre histoire.

Manifeste des JC de France et d'Espagne.

 

Le courrier des lecteurs.

 

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Le journal de la gauche du MJCF

Une publication de la gauche communiste du mouvement des jeunes communistes de France

Mai-Juin 99 Numéro 2

 

 

 

La position anti-impérialiste de la JC en 1924…

 

 

La guerre du Rif est la première lutte anti-impérialiste à laquelle fut confrontée la JC. Elle constitue un exemple de politique révolutionnaire appliquée à une guerre coloniale.

En 1912, la France et l'Espagne divisent le Maroc en deux protectorats. Une révolte armée des populations du Rif, menée par Abd-el-Krim, aboutit en 1924 à la libération du Maroc espagnol. Les 18 tribus qui le constituent se fédèrent en État indépendant du Rif. Un an plus tard, pour la reconquête des richesses minières, les troupes françaises et espagnoles s'opposent aux armées rifaines. La droite et la social-démocratie présentent aussitôt la guerre comme opposant la "civilisation" à la "barbarie féodale". Au sein des organisations communistes, les analyses sont loin d'être claires. Certains courants nourrissent encore l'illusion que le capitalisme de la métropole représente une évolution nécessaire et progressiste dans les pays colonisés, caractérisées comme "non-développées". Les communistes, dans leur majorité, rejettent cette position fondamentalement social - chauvine en se basant sur la thèse de Lénine. Du fait de ses contradictions internes, le capitalisme n'est plus un mode de production progressiste assurant le développement des forces productives. Il est devenu un système de pillage et de domination qui prélève des surprofits à l'échelle mondiale. Loin d'être arriérés, les pays dépendants sont pleinement intégrés au processus moderne de l'exploitation. Dès lors, tout mouvement d'opposition à la domination impérialiste, quelle que soit sa direction, prend un caractère anti-capitaliste et doit être soutenu comme tel par les communistes.

De 1924 à 1926, la JC et le PCF suivent une ligne de soutien inconditionnelle à la lutte armée. Ce qui prime, c'est la défaite de l'impérialisme. Le dirigeant des JC, Doriot lance à la tribune d'une Assemblée Nationale hystérique : "je déclare, au nom du parti communiste tout entier que Les peuples ont le droit de conquérir leur indépendance et qu'ils ont le droit de conquérir leur indépendance les armes à la main… "

La campagne contre la guerre est l'occasion de liquider les derniers relents de pacifisme. André Marty, le mutin de la mer noire, fixe la position de principe des communistes sur l'idéologie pacifiste qui dominait l'ancien PS : "S'il est exact que les communistes aient horreur du sang, ils déclarent surtout qu'ils ne veulent pas que le sang ouvrier coule à nouveau pour les capitalistes. Les communistes ne sont pas des pacifistes, car ils savent que le prolétariat ne renversera que par la force la société capitaliste." (cahiers du bolchevisme, 1925) Aussi, ils condamnent les jérémiades sur "la paix immédiate" qui, en dernière analyse, constitue une couverture de gauche à la politique coloniale.

La propagande est axée sur le mot d'ordre anti-impérialiste du retrait des troupes. "Nous ne pouvons plus lancer le mot d'ordre de paix immédiate, sans faire la critique de la paix impérialiste (..) Il n'y a pas de paix possible sans l'évacuation du Maroc" (Marty).

Marty fait de cette question le point clé qui oppose les communistes aux divers courants centristes (oscillant entre réformisme et révolution) : "L'évacuation du Maroc : c'est là que nous nous différencions des socialistes de "gauche" qui, en repoussant ce mot d'ordre reconnaissent par là même le brigandage colonial."

François Ferrette