Sommaire du numéro 2

 

Éditorial

 

Qui sommes nous?

 

L'agression de l'OTAN en Yougoslavie.

 

Quel bilan des manifs des sans papiers ?

 

Le congrès de l'UNEF.

Déclaration pour une UNEF syndicale

 

La situation dans les lycées.

 

Élements de notre histoire.

Manifeste des JC de France et d'Espagne.

 

Le courrier des lecteurs.

 

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Le journal de la gauche du MJCF

Une publication de la gauche communiste du mouvement des jeunes communistes de France

Mai-Juin 99 Numéro 2

 

 

 

RETRAIT DES TROUPES IMPÉRIALISTES

RETRAIT DE LA FANCE DE L’OTAN

 

On ne peut pas dire que les médias aident beaucoup à comprendre la guerre en Yougoslavie. Seuls quelques naïfs voudront croire que l'OTAN bombarde pour libérer un peuple, que les conflits sont d'ordre ethniques et qu'il s'agit d'un combat entre "civilisation" et "barbarie". En réalité, l'impérialisme œuvre depuis 1991 à démanteler la Yougoslavie pour conquérir de nouvelles zones d'influences, diviser les peuples pour qu’ils offrent une moindre résistance.

L'Allemagne, qui intervient pour la première fois en tant que force militaire, a décidé depuis le début des années 90 de renforcer son ère d'influence. Dès 1991, elle poussait à la reconnaissance internationale de la Croatie et la Slovénie. Depuis cette date, l'impérialisme allemand n'a cessé d'attiser les rivalités ethniques.

A cette fin, elle s'est servie de l'UCK, "l’armée de libération du Kosovo", qu'elle a financé, armé et formé. Les Américains ont joué le même rôle par la suite.

Les bases d'entraînement de l'UCK se situent au Nord de l'Albanie, dans la partie contrôlée par Sali Bérisha, ami du pouvoir allemand. Par ailleurs, l'UCK est financée par la mafia albanaise.

Enfin l'UCK ambitionne de créer une Grande Albanie en unifiant l'Albanie actuelle au Kosovo et le tiers méridional du Monténégro et la moitié occidentale de la Macédoine. Les pratiques de l'UCK n'ont rien à envier à celles des paramilitaires Serbes. Au Kosovo, des attentats de l'UCK ont provoqué le départ de plus de 10000 Serbes entre 1989 et 1998. Indépendamment de la politique de Milosevic, il faut reconnaître que les Serbes sont aussi un peuple opprimé. Qui parle des 360 000 Serbes évacués de Croatie en 1995 ? Personne car il faut diaboliser les Serbes, en faire les responsables uniques des causes du conflit.

En fait, depuis 1991, les Américains et les Allemands ont poussés les forces nationalistes à exacerber les conflits. Washington leur laisse alors croire qu'ils seront soutenus s'ils accèdent à l'indépendance.

Le capitalisme vit sur la base de l'accumulation du capital, sur la conquête de parts de marchés, sur le taux de profit maximum. Ce système économique, qui est le plus bête que la terre ait porté, pousse chaque pays impérialiste à contrôler une zone d'influence de plus en plus large pour écouler ses produits par un système de dépendance caractéristique du colonialisme. Or, il ne peut le faire qu'en disputant les aires d'influence des autres pays impérialistes. Les Américains se débattent dans un cadre inter-impérialiste pour conserver le leadership économique mondial. La mise en place de la monnaie unique, de la construction européenne, comme bloc impérialiste qui cherche son indépendance, est un danger pour la bourgeoisie américaine. Le ralentissement des plans Maastricht-Amstderdam leur convient tout à fait.

Les impérialistes entendent donc se partager le gâteau des pays de l'Est après l'écroulement du bloc soviétique. Il est vital d'avoir des relations privilégiées avec certains Pays dominés. Ainsi, l'Allemagne a arrimé la Slovénie et la Croatie a son économie. L'objectif est aussi d'intégrer complètement l'économie des Balkans dans l'économie de marché, c'est-à-dire, le capitalisme

Chaque impérialisme tente de contrôler une ou plusieurs nations. Chaque découpage de l'ancienne Yougoslavie correspond à une part du gâteau qui tombe dans la besace de tel ou tel impérialisme. Cela a été le cas avec la Bosnie, la Croatie, la Slovénie ou la Macédoine. Ce sera encore le cas pour un Kosovo sous protectorat.

La bourgeoisie américaine est soucieuse de son avenir et souhaite montrer qu'elle reste la force incontournable à travers le monde. Tout le monde doit comprendre qu'elle reste le gendarme du monde.

Notre pays était l'impérialisme privilégié en Serbie (ce que l'on appelle "l'amitié franco-serbe") et son engagement aux côtés des Américains et des Allemands ne s'est pas fait de gaieté de cœur. Un refus d'entrer en guerre de la part de l'impérialisme français aurait signifié l'écroulement de son influence internationale et une impossibilité de peser dans les déroulements ultérieurs du conflit, essentiellement sur la question du "plan de paix". Malgré tout, une première fracture est arrivée au sein de la bourgeoisie avec le départ de Séguin sur la liste RPR-DL des européennes. Le Figaro Magazine incarne aussI cette partie de la bourgeoisie française, insatisfaite de ses représentants politiques.

Mais il ne faudrait pas croire que Milosevic est opposé à l'Allemagne ou aux États Unis, ou n'importe quelle puissance impérialiste. Ce qu'il veut, ce sont des alliés qui lui permettent de rester au pouvoir. En fait, le tournant des années 90 a fait émerger des fractions pro-capitalistes issu de la Ligue des Communistes Yougoslaves dont la dislocation s'est effectué sur des bases nationalistes. Milosevic est favorable à la restauration du capitalisme (il a fait voter en 1997 une loi pour des privatisation massives dans son pays), mais il tient compte du mécontentement populaire. S'il agit en opposition à l'impérialisme, c'est parce qu'il doit ménager la chèvre et le chou, c'est parce que la population s'inquiète de la situation sociale depuis l'hiver 96-97 qui a vu défiler des centaines de milliers de Serbes contre le régime. Fin novembre 98, la grève générale des universités était décrétée. Le chômage touche plus de 30% de la population et l'approvisionnement à l'hiver 98-99 de certaines denrées n'a pu se faire auprès des familles.

Il fallait donc faire oublier la situation sociale des masses, l'impasse dans laquelle il enferme son pays, en exacerbant la fibre nationaliste contre les Albanais. Faire diversion, la vieille ficelle qui marche toujours ! Mais la destruction d'une partie de l'économie yougoslave va accélérer le processus de restauration de l'économie de marché. Les alliés procapitalistes serbes sont justement à la tête du pays: le premier ministre serbe est le PDG d'une entreprise énergétique, le président du parlement est le directeur de Yugopétrol, un autre ministre est à la tête des banques, d'une chaîne de télévision, de compagnies de travaux publics. Les principaux patrons du pays sont membres du parti de l'épouse de Milosevic. Les futurs alliés du monde capitaliste sont déjà connus.

Certains préconisent une paix négociée. Mais n'ayons aucune illusions sur ce genre d'axe politique. Exiger "la paix" est un leurre qui nourrit des illusions sur la possibilité d'assagir l'impérialisme. Un accord avec Milosevic correspondrait à un accord de brigands sur le dos des peuples. Remarquons que ce sont les mêmes qui ont eu les mots les plus durs contre Milosevic qui veulent pactiser avec lui.

A terme, il faudra bien que les peuples cherchent leur union, ceux qui auront la curiosité de vérifier de près l'implantation des différents peuples se rendront rapidement compte qu'une solution sur une base nationaliste condamne les Balkans à une guerre sans fin car les peuples sont tous très imbriqués les uns dans les autres. La seule solution réside dans le regroupement de tous les peuples sous une fédération socialiste des Balkans où chaque peuple sera respecté et pourra défendre ses droits.

La priorité est donc d'infliger une sévère défaite, d'ôter toute possibilité à l'impérialisme de dicter sa loi sur le sol des Balkans. Les peuples n'ont d'autres solutions pour s'en sortir que d'expulser les troupes impérialistes qui tiennent à bout de bras les régimes locaux.

Patrice Leguérinais